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Techniques de la thanatomorphose, quand le corps devient cadavre

embaumement

Expérimentations des embaumeurs

Pour comprendre toutes les expérimentations pratiquées par les thanatopracteurs, les embaumeurs, il faut comprendre d’abord ce qui se passe quand le corps qui devient cadavre.

La thanatomorphose vient en plusieurs étapes :

  • D’abord il y a une perte d’élasticité des muscles, due à la compression de calcium et du coup un rigidité cadavérique s’opère.
  • La température du corps diminue, et très une tache verte apparaît au niveau du saccum de l’abdomen qui va petit à petit gangrener l’ensemble, ce qui va faire le début du pourrissement, parce que lorsque la mort survient, les sphincters se relâchent et du coup par exemple au niveau du sphincter stomacal, il y a les sucs gastriques qui vont attaquer l’intestin, et du coup l’ensemble du corps va commencer à entrer en putréfaction. C’est assez rapide mais ça dépend des conditions externes, températures, humidité, l’oxygène du lieu, la présence ou non de nécrophages ( insectes qui se nourrissent de la dépouille humaine. )

Seringues sanitaires

Au XV-XVI s on utilisait des seringues sanitaires, qui permettaient d’injecter des substances dans l’abdomen, à cette époque on pratiquait des trouées, on éviscérait la dépouille humaine et du coup on injectait dans le corps des substances balsamiques, du vinaigre dans la cavité abdominale on frottait, on utilisait aussi de la cendre, du calcaire pour assainir l’intérieur de la dépouille humaine. Puis la plupart du temps on mettait de l’étoupe, du rembourrage pour donner du volume.

Seringue à pression directe

Au début du XVIII s on invente une nouvelle seringue et une nouvelle technique qui vont changer radicalement les techniques d’embaumement. On va inventer la seringue à pression directe , c’est une seringue en forme de X ou de croix, on avait besoin d’un assistant qui tenait la seringue en main sur les deux côtés et la deuxième personne poussait le piston. Cette seringue faisait une trentaine de centimètres, avec un diamètre d’une dizaine de centimètres, c’est une seringue qui ressemble à un robinet, d’ailleurs elle a le cran du robinet à l’entrée parce qu’il fallait pouvoir arrêter l’injection assez rapidement lorsqu’on sentait que le produit était en train d’agir ou lorsqu’il y en avait trop, trop de produit provoquait des gonflements. Au bout de cette seringue on plaçait des canules qui étaient coudées et qui permettaient de se placer à l’intérieur des artères, notamment de la carotide, donc d’injecter directement le produit. Il faut savoir que le schéma artériel supporte une pression à 2 bars maximum avant de casser, donc ce type de seringue permet de doser la puissance qu’on mettait dans l’injection, pour pouvoir faire ça efficacement.

Fin XVIII début XIX s, on va voir l’arrivée de Giuseppe Tranchina, très jeune chirurgien qui va développer une technique de soins par injection. Il va pratiquer dans les amphithéâtres de la ville de Palerme, devant 400 journalistes, il va pratiquer sa technique d’embaumement pour montrer que cela fonctionne, et montrer à quel point ce n’est pas invasif puisqu’il pratiquait seulement une injection il va ainsi convaincre la société mais aussi l’église de son intérêt puisqu’il va pratiquer beaucoup sur beaucoup d’amis des Papes qui vont demander à voir des résultats, il va y avoir donc des présentations sur la Place Saint Pierre notamment, pour montrer la préservation des corps.

Nous sommes dans une période où la mort intéresse beaucoup de monde, elle intéresse la médecine.

Tranchina domine de monde scientifique à ce niveau, il va rajouter dans ses conservations de l’arsenic naturel, pour sa coloration rouge, cela lui permet de combattre l’aspect glabre de la dépouille humaine et du coup ses momifications sont très belles. Cet embaumement s’avère très peu coûteux, puisque les substances utilisées sont simples et accessibles. Cependant, du fait de la médecine légale qui interdit l’utilisation de l’arsenic, le produit va disparaître mais la technique va perdurer.

Aujourd’hui c’est encore la technique de Tranquina qui est utilisée

Un soin de conservation est un acte chirurgical qui consiste à conserver un corps au niveau hygiène et aussi au niveau des tissus. L’objectif est de stopper la thanatomorphose, la dégradation naturelle d’un corps, par une injection de formol et d’eau, entre 0,6 et 1 % de formol.

Mode opératoire : on va utiliser le système circulatoire, le premier facteur de dégradation du corps c’est le sang, donc on va le remplacer par une solution à base de formaldéhyde, on va extérioriser une artère, une carotide ou une fémorale.

Une fois que le soin de conservation est effectué, au bout d’une heure et demi à deux heures, suivant le patient, soit il est remis en cellule réfrigérée, soit il est exposé dans un salon permanent, ç a veut dire le corps est exposé six jours, le temps de l’organisation des obsèques, le corps peut rester dans la chambre jour et nuit sans aucun autre artifice et les familles ont un accès 24h/24.

Le terme embaumement vient de l’application des baumes sur une dépouille humaine, ce terme apparaît très tôt, par contre les embaumeurs apparaissent sur la fin du XVIII s, début du XIX s. Il y a quelques embaumeurs au début du XVIIIs mais ils sont extrêmement rares, ils sont dans le nord de l’Europe, la Hollande à cette époque-là. A partir de la fin du XVIIIs et début XIX s l’Italie va avoir une nouvelle génération de scientifiques qui vont s’intéresser à la mort et qui vont développer énormément le soin post mortem, à cette époque-là il y a deux corporations qui commencent à apparaître, les médecins pratiquent encore l’embaumement mais des personnes qui ne sont pas médecins commencent à se développer sur cette profession, et là vraiment une profession d’embaumeurs dissociée à la médecine va commencer à apparaître, une nouvelle génération de chimistes de pharmaciens, des personnes uniquement destinées à la technique, des ingénieurs vont développer des techniques autour de la mort et qui vont pratiquer des embaumements car à cette époque-là ce n’est pas légiféré, tout le monde peut pratiquer.

La vérité sur la question des embaumements

Une loi étant venue interdire l’arsenic dans les embaumements, de nombreuse recherches furent faites pour découvrir un nouveau liquide conservateur sans arsenic et l’académie royale de médecine fut appelée à juger dans un concours public, de la valeur des divers modes de conservation.

Le XIX s devient le théâtre d’une véritable foire d’empoigne de ceux qu veulent imposer leur technique d’embaumement, deux embaumeurs vont s’affronter au milieu du XIX s Gannal et Boissier. On en arrive à des personnes qui déposent des brevets avec des inventions particulières :

c’est l’époque des savants fous, de la galvano-plastie, des momies de métal, des momies noires entourées de béton…

Les 21 et 23 mai 845 Mr Gannal et Mr le docteur Sucquet ont pratiqué sous les yeux de la commission de l’académie, chacun un embaumement dans des conditions identiques. Les sujets embaumés furent placés dans une simple bière de sapin et inhumé à 70 cm de profondeur seulement, la commission voulut ainsi accroître les difficultés elle pensa que la méthode qui conserverait dans une simple bière de bois conserverait encore mieux dans un cercueil de plomb et avec les précautions employées dans la pratique civile. Les sujets furent d’ailleurs placés côte à côte dans le même sol et à la même profondeur.

14 mois après, sous les yeux de la même commission, les cercueils furent exhumés et les résultas suivant furent constatés :

Le sujet de Mr Gannal était en pleine putréfaction, le sujet embaumé par Mr Sucquet était parfaitement conservé.

Il fut reconnu que le succès de la conservation devait être attribué à l’arsenic qu’employait autrefois Mr Gannal, hors comme l’usage de l’acide arsénieux est défendu il s’en suit que le procédé d’embaumement de Mr Gannal est réduit à néant.

La méthode de Mr Sucquet fut hautement approuvée par l’académie de médecine.

 

Source : retranscription libre de la Fabrique de l'histoire de France Culture : Que faire de nos morts, les inhumer et peut-être les représenter.

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