Publié par L'équipe dans Tombes célèbres le 1/06/2023 à 15:32
Georges Kiejman est né à Paris le 12 août 1932 de parents juifs polonais. Son père, artisan tailleur est mort dans les camps et c'est sans famille que l'enfant et sa mère sont arrivés en France. Georges Kiejman poursuit ses études et vit de plusieurs petits métiers pour subsister. Il entre en droit à la Sorbonne et devient avocat en 1953. Défenseur de figures de l'édition et de la politique dans des procès retentissants, Kiejman entame une carrière politique comme ministre au début des années 1990. Dans ses mémoires et des documentaires qui retracent son parcours, l'ancien avocat reste empreint d'humilité lorsqu'il aborde sa vie personnelle et professionnelle, la qualifiant de "magnifique", précisant qu'il a eu "beaucoup de chance".
Figure emblématique des prétoires, Georges Kiejman a reçu l'hommage du Garde des sceaux, Éric Dupont-Moretti : "Immense plaideur, avocat impertinent, ministre engagé, toujours avec classe et humour" ainsi que celui de la bâtonnière de Paris, Julie Couturier. Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale a salué "avec émotion son engagement pour la justice" tandis que des journalistes renommés, ont fait honneur à sa brillante carrière sous leurs plumes.
Trois fois ministre sous François Mitterrand à qui il vouait une grande admiration, Kiejman était d'abord l'ami de Pierre Mendès-France devenu son père de cœur, menant ses campagnes électorales. Kiejman disait "j'ai été un grand avocat et un petit ministre" parce qu'il aurait aimé en faire plus au service de l'État. L'avocat était reconnaissant envers la République, lui, produit de l'école républicaine et d'un instituteur qu'il cite parfois comme un bienfaiteur qui lui permit d'intégrer le collège.
Illustre avocat, Kiejman excellait au civil comme au pénal. Il défendait les droits d’auteur, la propriété intellectuelle et les artistes. Pénaliste, il a bataillé dans des procès pour meurtre et de terrorisme, de Pierre Goldman à Charlie Hebdo. Homme de gauche, il reconnaissait avoir cru à la lutte des classes, inconscient du désastre communiste à l'Est à une époque où l'on doutait de la démocratie comme système viable. La gauche avait évolué, disait-il, et avec elle ceux qui croient au progrès et à la réduction des inégalités matérielles et culturelles. François Mitterrand ne s'y était pas trompé en le nommant ministre de la Justice, de la Culture puis des Affaires étrangères.
Dans "L'homme qui voulait être aimé", publié en 2021, Kiejman dévoile ses blessures, avouant que les femmes avaient été la grande passion de sa vie : marié à l'actrice Marie-France Pisier puis à la journaliste Laure de Broglie, Kiejman était aussi l'amant de Françoise Giroud. Son "Éloge de l'irrévérence" relate la défense de la liberté de pensée suite au procès des caricatures de Charlie Hebdo et "Entretien" paraîtra cet été : l'illustre avocat s'y raconte avec pudeur et sincérité.
Kiejman, enfant peu choyé, a réussi, entre rencontres exceptionnelles, persévérance et éloquence. Avocat de renom, il acculait les témoins, sans note, telle était sa méthode. Ministre de gauche, il en gardait plus de souhaits que de résultats, jusqu'à proposer un amendement à la Charte des Nations Unies contre les pays portant atteinte à leur peuple.
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