Les guillotinés de la Révolution Française dans un cimetière caché de Paris

Outre le fait qu'il s'agisse d'un cimetière privé, ce lieu est riche d'une histoire qui remonte à la période révolutionnaire et plus particulièrement à la Terreur, à l'heure où des têtes innocentes tombaient par centaines.

Un cimetière dans un ancien couvent 

Au 35 de la rue de Picpus, dans le douzième arrondissement de Paris, un imposant portail dissimule un lieu aussi discret que lourd de souffrances. Dans un jardin d'un hectare enserré par des constructions récentes appartenant à un ancien couvent de religieuses, plus de 1 300 dépouilles reposent dans deux fosses communes, non loin de plusieurs dizaines de tombes alignées. 

Loin d'être oubliées, ces sépultures font au contraire l'objet d'un soin attentif de la part des familles des martyrs enterrés là. Quelle est l'origine de ce cimetière aujourd'hui privé ? Pour le comprendre, il faut se replonger dans le contexte de la Révolution et des troubles qui ont accompagné cette période de l'Histoire de France.

Une page révolutionnaire sanglante 

Depuis 1792, la guillotine est devenue le symbole des exécutions révolutionnaires. Louis XVI, roi de France, en est l'une des victimes célèbres. L'arrivée de Robespierre à la présidence de la Convention en 1794 marque l'apogée de cette période appelée la Terreur, durant laquelle des centaines de personnes sont condamnées à avoir la tête tranchée. Y figurent de nombreux nobles, mais aussi des religieux, des militaires et toute personne soupçonnée de nourrir des sympathies royalistes. Ces exécutions ont lieu sur l'actuelle place de la concorde, les corps des suppliciés étant inhumés au cimetière des Errancis près de l'actuel parc Monceau.

Devant les désagréments, dénoncés par les riverains, que constituaient ces convois sanglants et la décomposition des corps dans les fosses, la décision est prise de transférer la guillotine sur la place du Trône Renversé, devenue place de la Nation. Un terrain est choisi pour ensevelir les dépouilles : il s'agit de la propriété de l'ancien couvent des chanoinesses de Saint-Augustin, dit couvent de Picpus, décrété bien national au moment de la Révolution. Ainsi, à partir du 14 juin 1794, 1 306 corps sont transportés dans ce jardin et jetés dans deux fosses communes. Le massacre ne cesse que le 27 juillet lorsque Robespierre est destitué et guillotiné à son tour. Les noms des victimes sont aujourd'hui gravés dans la chapelle de la propriété.

Un lieu de mémoire de Paris 

Vendu en 1795, le terrain est en partie racheté deux ans plus tard par la princesse de Hohenzollern-Sigmaringen, dont le frère est l'une des victimes qui reposent dans ces fosses. Avec d'autres femmes issues de familles nobles, une fondation est créée pour racheter et gérer l'ensemble de la propriété. L'une d'elle, dont plusieurs membres de la famille ont été enterrés en ce lieu, n'est autre qu'Adrienne de Noailles, l'épouse du marquis de La Fayette. Un cimetière est aménagé près des fosses, par la volonté des familles de la noblesse victimes de ces exécutions. C'est encore aujourd'hui le lieu de sépulture de leurs descendants.

Le marquis de La Fayette lui-même fait partie des personnalités qui sont inhumées à ce titre au cimetière de Picpus. Chaque année, un devoir de mémoire lui est rendu en présence de l'ambassadeur des États-Unis, pour le rôle éminent qu'il a joué dans l’indépendance de ce pays.

Garder l'image de nos défunts 

Toutes ces familles dont l'un des membres est tombé pendant la Révolution française œuvrent pour conserver leur souvenir dans le cimetière de Picpus. Nous aussi, nous immortalisons, à travers les médaillons de porcelaine, l'image des êtres chers désormais absents. 

Avec www.photo-porcelaine.com, leurs portraits fixés sur un support inaltérable sont prêts à traverser les années : ils continuent plus que jamais à vivre dans la mémoire de leurs proches.